mardi 1 décembre 2009

Sans voix

Le monde est vraiment petit.

Peut-être même trop petit.

On passe des années dans une minuscule pièce sombre à laisser s'échapper des musiques qui nous sont chères. On intercale ces ambiances sonores bien humblement de sa voix, afin que ces entités musicales soient identifiables et qu'elles puissent être repérées, car si jamais quelqu'un quelque part les entend, et qu'il désire les réentendre à nouveau, il doit pouvoir nommer ce qu'il a entendu. C'est ce qu'on se dit dans sa petite pièce sombre semaine après semaine.

Et après toutes ces années, on a vent d'une histoire, presque anecdotique pour certains, mais oh combien invraisemblable et troublante pour ma petite personne.

...

Il y a quelques années, Andreas quitte son Allemagne chérie pour visiter une amie en Suisse, dans la ville de Coire pour être plus précis, située dans la vallée du Rhin. Un soir, lui et Ricarda, se rendent dans une exposition d'arts vidéo, et au hasard des rencontres, ils croisent un vieil homme étrange, qui leur rappelle bizarrement Stockhausen (http://www.stockhausen.org/). Ricarda bavarde quelque peu avec lui et spontanément, le vieil homme les invite à son appartement. Sans méfiance, ils acceptent l'invitation volontiers. Après leur avoir fait faire le tour du propriétaire, le vieil homme les dirige vers une pièce tout au fond du couloir. Il ouvre doucement la porte, et l'impression que l'obscurité semblait habiter complètement cette chambre sans fenêtre s'estompa, lorsque le vieil homme alluma la lumière qui jaillit du plafond d'une timide ampoule sans abat-jour et sans éclat. La pièce ressemblait à une véritable voûte d'archives. Elle contenait une immense collection de mini-cassettes sur lesquelles étaient enregistrées des émissions de radio de partout à travers le monde. Le vieil homme leur confia qu'il n'avait pas confiance en la technologie numérique pour sauvegarder tous ces trésors.

Et ce soir-là, à la suite de cette rencontre improbable, Andreas et Ricarda entendirent ma voix pour la première fois.

Hier, Ricarda a téléphoné à Andreas et elle lui a appris que le vieil homme venait de mourir...

Le vieil homme est mort et a emporté le son de ma voix avec lui.

Je ne sais pas pourquoi, mais, depuis, les mots me manquent...

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