samedi 12 décembre 2009

En vin

Le goût du vin.

Le goût du vin me fait taire.

Mes lèvres abreuvées n'ont d'autres intérêts que de savourer la langueur de l'écoulement qui s'ébruite au bord de la bouche et qui déferle entre les dents, tout le long de la langue et jusqu'au fond de la gorge et encore.

Une seule lampée et le silence perdure des moments durant.

Une seule gorgée et le souvenir de sa trop courte existence se fait insistant jusqu'à la prochaine qui vient toujours un peu trop tard.

Je tente de retenir entre mes joues ce breuvage qui m'attire et m'attise, mais à chaque fois, j'avale toujours avec un certain regret de ne pas avoir su en extraire tout le plaisir et la douceur qui semblent pourtant infinis.

Et plus le silence persiste, et plus l'ivresse se propage, doucement, comme une caresse qu'on incruste dans la peau pour en garder la plus étoffée des impressions.

Mais malgré l'enivrement de tous les sens, l'inassouvissement semble imperturbable et insatiable.

Je bois donc encore.

Mais la quiétude des mots ne prend plus assise sur cet appétit éthylique qui vient souvent en buvant. La verve s'éprend du verbe et la langue entremêlée à travers les vapeurs impures de l'alcool se délie en rumeurs et en confidences.

Et je m'épanche vers des oreilles attentives, désinhibées par le flot venant de la même bouteille. Je me raconte et découvre ce que l'on me dit en retour. Et la pensée se fait chair, et chaque syllabe dissimule derrière ses sonorités le désir des chastes et l'envie des gourmands.

Le goût du vin frais à mes lèvres regrette celui des siennes que je contemple lorsque le silence vient aux miennes.

Mes mains déposées sur la table seraient prêtes à ne plus jamais toucher si elles pouvaient, ne serait-ce qu'une seule et même fois, étreindre le galbe de ses seins ou la courbe de ses hanches déferlantes en va-et-vient que je suivrais d'un mouvement oscillatoire jusqu'à ce qu'elle soit immobile entre mes bras, éperdue de nos égarements.

Mais la bouteille est vidée. Et mes doigts sont froids à ne plus savoir bouger. Une dernière parole et des adieux s'accrochent presque aux derniers mots. Elle quitte et ne revient pas. De ses yeux bleus, j'en garderai la pureté. De ses cheveux blonds, j'en regretterai les parfums. Malgré qu'elles ne soient jamais vraiment à chaque fois la même, j'aurai toujours le goût du vin qui me rappellera ce qu'elles auraient pu être si tout ça n'avait pas été en vain.

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