dimanche 22 novembre 2009

Insectoriel

Libellule.

Le premier mot. Il ne doit jamais être choisi à la légère.

Donc, libellule.

Le mot. Celui que j'aime par dessus tout.

Libellule... 4 ailes comme l’insecte… musicalité légère comme un murmure, et les lèvres qui ne se touchent qu’une seule fois comme un doux baiser, et pour le reste, c’est la langue qui fait le travail. Une sensualité, une délicatesse…

J'aime les libellules. Et je dois dire que j'ai aussi un faible pour les demoiselles.

À vrai dire, j'aime les mots.

Les mots... Les mots se font timides... Mais pourtant, un seul apparaît et les autres se mettent à la file, non pas derrière, mais bien devant. Chaque mot veut être le premier, celui placé à l'extrême droite, mais ils se succèdent tous, chacun ayant besoin du précédent et surtout du suivant, peu importe la ponctuation, ils s'enchaînent selon le discours, vivant à chaque fois la grande déception pourtant attendue de ne pas être devant tous les autres...

Si les mots savaient que celui qui se retrouve sans personne après lui devient en fait le dernier mot, celui que tout le monde recherche pour se donner l'impression d'avoir raison, peut-être que les mots se contenteraient d'être placés là où ils sont insérés et qu'ils prendraient une certaine fierté de faire partie de ce qui a été écrit. Les mots se font peut-être timides, mais ils sont assurément prétentieux.

Les mots oublient trop souvent qu’ils sont composés de lettres et que sans elles, ils ne sont rien. En fait, sans un amalgame bien précis de lettres, ils ne sont rien. Qu’une seule de leurs précieuses lettres soit changée de place et les mots ne seront plus les mêmes. Ils deviendront incohérents ou encore, pire affront, ils changeront complètement de sens. Et alors, humiliation suprême que de se faire regarder par tous ses confrères qui le pointent du doigt et l’accusent d’être le grand responsable de dénaturer la phrase au complet. Car si les mots ne sont rien sans les lettres, la phrase n’existe pas sans les mots. Et la phrase, elle, n’existe guère sans le lecteur. Bien sûr qu’elle doit être écrite avant d’être lue cette phrase, mais c’est vraiment lorsqu’elle se fait déchiffrer par des yeux curieux qu’elle se met au monde, qu’elle prend vie, qu’elle prend tout son sens, le sens du lecteur. Car l’écrivain ne lui donne qu’une intention à cette phrase, le lecteur en comprendra ce qu’il veut ou peut bien comprendre, l’écrivain n’a alors aucun contrôle sur ce qu’il a pu écrire.

Vous comprendrez alors qu’il m’est inutile d’essayer de vous décrire qui je suis puisque peu importe si je tente de vous écrire qui je suis, je n’arriverai jamais à vous révéler la véritable nature de ma personne. Vous pourriez certainement en déchiffrer quelques parcelles, mais puisque vous ne pouvez être que de simples lecteurs, la perception que vous en aurez sera toujours biaisée par votre propre interprétation. Même ceux qui prétendent être passés maîtres dans le maniement de la dialectique ne pourront jamais tout à fait saisir l’essence même de ma personnalité en lisant tous les mots que je pourrais écrire. Mais malgré tout, je vous laisse le dernier mot…

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